L'après-midi touche à sa fin. Les ombres s'allongent et les nuages finissent de s'évanouir au-dessus des montagnes.
Magome désormais se dore aux derniers rayons d'un soleil encore rare !
Avant le repas nous repartons dans la rue principale... Les derniers touristes sont repartis. Tout est intensément calme.
Il y a une profondeur dans l'air.
L'eau chante dans les rigoles et fait cliqueter le moulin du Masugata comme une grosse crécelle.
La lanterne est allumée.
La courbe (sous la lanterne) et l'escarpement du "masugata" de Magome.
Il est 17 heures... et résonne alors, comme ailleurs au Japon, le "jingle de 17 heures !" : nous nous arrêtons un instant. Le temps de jouir de cet instant de paix lorsque le jour descend...
Alors que le jour a basculé, un peu partout s'allument les lanternes.
Venu de l'ouest les derniers rayons d'un soleil horizontal placarde les façades d'un blanc lumineux ou d'un ocre vif couleur de plaquemine mûre !
Un chat blanc, tout en poils et miaulements traverse la rue et vient se frotter à nos jambes, insistant... pendant qu'à la lumière du jour qui décroît, nous lisons et répondons à nos tweets et emails...
C'est le chat "Milku" (milk = lait) , ainsi que l'appellera le couple qui entre dans la maison voisine !
Après le repas du soir, nous profiterons encore de quelques instants volés à la nuit, avant de prendre un bon bain chaud et de participer à la veillée (chants et danses du Kiso) que notre hôte nous a promise.
Deux heures plus tard, nous rejoingons notre hôte pour la veillée autour du irori (foyer).
Notre hôte va nous faire découvrir un chant et danse traditionnel des bateliers sur le fleuve Kiso, le "Kisobushi",
Chant et danse "Kisobushi" font partie des cérémonies de l'été et aussi des mariages... et l'on y boit force saké, nous a dit notre hôte !
Petit à petit les "voyageurs" arrivent et prennent position autour du irori.
Nous serons bientôt environ dix personnes, sans compter notre hôte, dont trois enfants, très sages et très attentifs, venues de tous les horizons (Thaïlande, USA et Finlande) pour chanter et danser la vallée du Kiso et ses voyages d'antan...
Nous avons tous dansé (tant bien que mal, et en suivant les indications de notre hôte) et chanté...
Tous ensemble nous reprenions en coeur et avec entrain, le refrain, comme si nous étions des bateliers sur le fleuve !
"Ara, yoiyoiyoi no yoi yoi yoi !"
Enfin nous nous asseyons.
Pas de saké pour notre "fête nocturne" mais du thé grillé.
Nous voici tombant de sommeil (il n'est pas 22 heures) et prêtes pour une bonne nuit de sommeil car demain.... C'est la traversée de la Passe de Magome... à pied !!!
L'auberge est silencieuse.
Voix et pas feutrées.
Chant de l'eau qui court.
Un hibou.
CHANT TRADITIONNEL DU KISOSBUSHI (quelques strophes)
木曽のナァ なかのりさん
木曽の御嶽さんは ナンジャラホイ
夏でも寒い ヨイヨイヨイ
アラ ヨイヨイヨイノ ヨイヨイヨイ
袷(あわしょ)ナァ なかのりさん
袷やりたや ナンジャラホイ
足袋添えて ヨイヨイヨイ
アラ ヨイヨイヨイノ ヨイヨイヨイ
En rōmaji cela donne :
Kiso no na-a, Nakanori-san,
Kiso no Ontake-san wa nanjarahoi ?
Natsu demo samui, yoi yoi yoi !
Ara, yoiyoiyoi no yoi yoi yoi
Awasho na-a, Nakanori-san,
Awasho yaritaya, nanjarahoi ?
Tabi soete, yoi yoi yoi !
Ara, yoiyoiyoi no yoi yoi yoi !
Kiri no na-a, Nakanori-san ,
Kiri no kakaranu, nanjarahoi ?
Yama wa naku, yoi yoi yoi !
Ara, yoiyoiyoi no yoi yoi yoi !
(non, je ne traduis pas... j'en suis bien incapable)