Le Kiyomizu-dera (清水寺) sous les sakuras

Le Kiyomizu-dera est à l'Est de Kyōto centre, environ à 3,5 km de la gare centrale dans la montagne de l'est (Higashiyama).

Il est le 16ème temple Kannon sur la route du pélerinage des 33 Kannon de l'ouest du Japon.

Tokugawa Iemitsu
Tokugawa Iemitsu

 

Par neuf fois fois les bâtiments furent détruits, par des tremblements de terre, des typhons ou des incendies.

 

Par neuf fois ils furent reconstruits.

 

C'est *Tokugawa Iemitsu, qui fit reconstruire la plupart des structures actuellement sur le site après le grand incendie de 1629. 

Le nom de Kiyomizu-Dera vient de la chute d'eau "sacrée" qui coule à l'intérieur de l'enceinte du temple. (清い kiyoi signifie "pur" et 水 mizu : eau)

Le sanctuaire est dédié à Jûichimen-Kannon, la déesse aux onze têtes dont la statue n'est sortie et présentée que... tous les 33 ans. (et les photos sont interdites bien sûr)

 

Le Kiyomizu est classé au Patrimoine Mondial. Il fait partie des 17 sites classés de la ville de Kyōto.

Cartes

Kyōto : Les 17 sites classés au Patrimoine Mondial
Kyōto : Les 17 sites classés au Patrimoine Mondial
L'ensemble des bâtiments constituant le Kiyomizu-dera
L'ensemble des bâtiments constituant le Kiyomizu-dera
Cliquer pour agrandir
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La légende du Kiyomizu-dera

Ticket d'entrée
Ticket d'entrée

La légende raconte que le lieu fut découvert en 778 (époque Nara) par le moine Enshin qui y rencontra un "vieil homme" assis et priant sur un tronc d'arbre.

 

Le vieillard dit au moine que cela faisait 200 ans qu'il priait et qu'il souhaitait que Enshin prenne désormais sa place, le temps qu'il aille en pèlerinage.

 

Il lui expliqua que le tronc d'arbre serait une bonne pièce de bois pour y sculpter la statue du Kannon Bodhisattva (la déité aux onze visages et mille bras).

 

Enshin prit la place du vieil partit à sa recherche et découvrit ses sandales posées par terre au sommet d'une colline voisine : il comprit alors que le vieil homme était le Kannon lui-même et qu'il était reparti vers le paradis...

 

Vingt ans passèrent. V

ingt ans pendant lesquels le moine tenta de sculpter le tronc à l'image du Kannon sans y parvenir.

 

C'est alors que le samouraï Saka-no-ue Tamuramaro qui chassait dans les forêts alentours découvrit le moine Enshin et, touché par sa dévotion, décida de démanteler sa propre maison pour construire un temple près de la chute de de l'eau claire... (Kiyomizu)

 

Ce temple primitif aurait été fondé en 798.

 

On le nommera par la suite le Tamura-do "le temple du fondateur" (également connu sous le nom de Kaizan-do ou Kanisan-do).

Le samouraï Saka-no-ue Tamuramaro
Le samouraï Saka-no-ue Tamuramaro

De la gare centrale à la Porte Rouge Des Devas (Niō Mon)

Depuis la gare nous prenons un de ces bus de ville, vert et blanc, le n° 206, jusqu'à l'arrêt Gojozaka (terminus).

 

Et en ce début d'après-midi du mardi 8 avril, notre autobus se retrouve bien vite pris dans un embouteillage de voitures et d'autocars au pied du Kyomizu-dera... !

Bus de la ville de Kyōto
Bus de la ville de Kyōto

Une fois déposées, il nous reste encore à remonter à pied (un petit quart d'heure) la ruelle piétonne et commerçante Matsubara Dori, à flanc de la colline Otowa, pour arriver à l'entrée du Kiyomizu-dera.

 

Dès la descente du bus, nous sommes emportées par une foule compacte et colorée de touristes de tous pays, mais également de japonais, souvent en kimono traditionnel !

Il y a même des poussettes ! (plutôt rares au Japon)

Nous arrivons enfin au bas des escaliers de l'impressionnante "Porte des Deva"  (仁王門 Niō Mon) à deux étages, appelée aussi Ro-Mon (la Porte Rouge).

Elle a été restaurée et repeinte en 2003.

Sur sa droite, la pagode à trois étages, le Sanju-no-to... est en travaux ! 

Nous ne la verrons donc pas.

La porte Deva (reconstruite à la fin du 15e)  et le "Sanju-no-to" en restauration (sous la bâche)
La porte Deva (reconstruite à la fin du 15e) et le "Sanju-no-to" en restauration (sous la bâche)
Kiyomizu-dera : la "Porte des Deva"  (仁王門 Niō Mon) . Sur la gauche : un prunier
Kiyomizu-dera : la "Porte des Deva" (仁王門 Niō Mon) . Sur la gauche : un prunier

Derrière les treillis de bois peints en vert de part et d'autre de la porte, les grandes statues des rois guerriers Deva (Nio) montent la garde.

les rois Deva
les rois Deva

Des japonaises en kimono (mais aussi des touristes chinoises et russes) prennent la pose devant les lions !

Les messieurs aussi sont en tenue traditionnelle !

A notre droite, la porte ouest le "Sai Mon" (construite en 1633 après le grand incendie de 1629), a demi-cachée par les fleurs de cerisiers... 

Sakura et Sai Mon (Porte Ouest)
Sakura et Sai Mon (Porte Ouest)

Encore quelques marches... avant d'atteindre le "Shoro" (Bell Tower - tour de la cloche appelé aussi le Beffroi) construit en 1596 sur ordre de l'Empereur. La cloche a été fondue en 1478 et placée dans le Shoro après que celui fut construit.

"Porte Deva"  (仁王門 Niō Mon) et le Shoro
"Porte Deva" (仁王門 Niō Mon) et le Shoro
le Shoro
le Shoro

Puis l'on passe devant le Kyo-do (salle des sutra)

Le Kyo-do marque la fin de la montée et des escaliers. Nous voici sur une place et le regard peut se poser sur la ville de Kyōto à nos pieds.

De larges allées dallées suivent le bord du précipice jusqu'au Hon-Do.

Sakura et Kyodo (salle des sutra)
Sakura et Kyodo (salle des sutra)
Devant le Kyodo (salle des sutra) et sa pergola
Devant le Kyodo (salle des sutra) et sa pergola

A quelques mètres du Kyo-do, le temple primitif ou Tamura-do (appelé aussi Kaizan-do ou Kanisan-do) est construit sur une plateforme de pierres taillées légèrement plus haute que celle du Kyo-do.

Deux lanternes de pierre aux pied de quelques marches en marquent l'entrée.

Le toit n'est pas couvert de tuiles mais de végétaux.

le Tamura-do
le Tamura-do
Devant le Tamura-Do
Devant le Tamura-Do

Entre le Kyo-do et le Tamura-do, nous quittons un peu la foule pour nous diriger vers la "Porte Nord" (Kita-so-Mon) par une allée plus tranquille, vers les jardins des "mille pierres".

la Kita So-mon, Porte du Nord du jardin des "mille pierres"
la Kita So-mon, Porte du Nord du jardin des "mille pierres"
Jeune couple en habits traditionnels revenant du jardin des mille pierres
Jeune couple en habits traditionnels revenant du jardin des mille pierres

Ces pierres sont semble-t-il des pierres de protection.

Pour un grand nombre d'entre elles il pourrait s'agir du rituel de "mizuko kuyō " : offrande d'un bodhisattva (en japonais Bosatsu), la déité protectrice des enfants, sous forme d'une pierre sculptée à son image.

Ce serait donc des sculptures dédiées à Jizō Bosatsu, protecteur des enfants disparus, morts in utero ou mort-nés. 

Ce qui expliquerait la présence de bavoirs sur les statues (rituel de mizuko apparu dans les années 80)...

Nous ne sommes pas encore dans l'enceinte du temple principal (le Hon-do).

Il faut passer la porte du Milieu : Todoroki-Mon 轟 門  qui elle aussi abrite des gardiens féroces derrière ses treillis...

Il y a une foule impressionnante qui se presse à l'entrée et... nous ne faisons pas de photos...

C'est là que sont vendus les billets d'entrée (voir horaires et tarifs)

C'est là aussi, avant de passer la porte, qu'il convient de se purifier à la fontaine dragon.

Juste avant le temple principal (le Hon-do) subsiste le Asakura Hall, nommé d'après le paroissien Asakura Sadakage, qui a construit la salle en 1510.

Comme la plupart des bâtiments le Asakura fut reconstruit en 1633 après le grand incendie de 1629. Il est dédié au dieu Kannon.

Asakura Hall
Asakura Hall

Nous arrivons enfin sur l'immense plateforme (Butai) surplombant le vide, devant le Hon-do

le Hon-do 本土

Le Hondo, temple principal, est une prouesse architecturale : érigé sur une plateforme en porte-à-faux sur une hauteur culminant à plus de 15 mètres (50 pieds) au-dessus du précipice, il est porté par un échaffaudage de 139 poutres entièrement chevillées entre elles sans qu'aucun clou ne soit utilisé.

Depuis un angle de la terrasse (Butai)
Depuis un angle de la terrasse (Butai)
Difficile de se frayer un passage jusqu'à la rambarde surplombant le vide
Difficile de se frayer un passage jusqu'à la rambarde surplombant le vide

Depuis l'angle de la terrasse, jeunes japonaises en tenue traditionnelle

Depuis un angle du Butai
Depuis un angle du Butai
Sur l'horizon brumeux on distingue Kyōto
Sur l'horizon brumeux on distingue Kyōto

Au loin, plantée au-dessus du vide et à demi noyée par la verdure et la mousse blanche et roses des sakuras, la pagode Koyasu-no-to (datée du 4 mai 1500). Elle était initialement bâtie, jusqu'en 1912 au sud-ouest de la porte Niō Mon

la pagode Koyasu-no-to depuis la terrasse du Hondo
la pagode Koyasu-no-to depuis la terrasse du Hondo
Koyasu-no-to depuis le Butai
Koyasu-no-to depuis le Butai

Sous la colonade (Kairo) devant le grand Hon-do.

Mère et fille devant le Hondo !
Mère et fille devant le Hondo !
Les deux jeunes filles en kimono qui nous ont pris en photo s'éloignent...
Les deux jeunes filles en kimono qui nous ont pris en photo s'éloignent...
Lanternes du Hondo - au fond une ancienne lanterne - don d'une famille
Lanternes du Hondo - au fond une ancienne lanterne - don d'une famille
Intérieur du Hon-do
Intérieur du Hon-do

Le toit du Hondo a la particularité d'être couvert de bardeaux de cyprès japonais (檜 hinoki), réminiscence du temps où il était propriété impériale. 

Le Hondo vu depuis la véranda du temple intérieur "Oku-no-in" (appelé aussi Amida-Do Buddha hall)
Le Hondo vu depuis la véranda du temple intérieur "Oku-no-in" (appelé aussi Amida-Do Buddha hall)
La structure toute en bois chevillé soutenant le Butai au-dessus du précipice
La structure toute en bois chevillé soutenant le Butai au-dessus du précipice

Depuis la véranda du Oku-no-in, mère et fille prennent la pose à tour de rôle devant la plus célèbre vue du Kiyomizu-dera ^_~

Depuis la terrasse du Oku-no-in
Depuis la terrasse du Oku-no-in
Kyōto
Kyōto

Le sanctuaire shinto Jishu-Jinja

N'oublions pas le sanctuaire shinto Jishu-jinja, dédié à Okuninushi-no-Mikoto, une déité qui favorise les "vonnes rencontres et son messager : le lapin !

 

À l'intérieur du Jishu-jinja une multitude d'autels, d'offrandes, de tablettes...

et deux "pierres d'amour" (makura ishi) placées à dix-huit mètres l'une de l'autre, distance que les visiteurs célibataires essaient de franchir les yeux fermés ("en musubi"). L'accomplissement de ce trajet est vu comme un présage de futur rencontre amoureuse

 le sanctuaire shinto Jishu-jinja
le sanctuaire shinto Jishu-jinja
Entrée du sanctuaire shinto Jishu-Jinja
Entrée du sanctuaire shinto Jishu-Jinja
Sanctuaire shinto de la bonne fortune et des rencontres amoureuses : le Jishu-Jinja
Sanctuaire shinto de la bonne fortune et des rencontres amoureuses : le Jishu-Jinja
Petit temple dédié au kitsune (renard)
Petit temple dédié au kitsune (renard)

Nous n'avons pas testé le "em-musubi"... les pierres qui prédisent l'amour (makura ishi) étaient très sollicitées ce jour-là.

La première makura ishi (pierre qui prédit l'amour)
La première makura ishi (pierre qui prédit l'amour)
...Et la seconde
...Et la seconde

Nous continuons notre "pélerinage" jusqu'à la pagode Koyasu-no-tō qui fait face au Hon-do sur la colline voisine, avant de descendre vers la chute de l'eau pure (Otawa-no-Taki) qui a donné son nom à l'ensemble constitué par toutes ces salles, ces temples et sanctuaires, juste sous le Hon-do.

La pagode Koyasu-no-tō (子安の塔) et la source Otowa-No-Taki (音羽山清水寺)

La pagode est dédiée à la déesse shinto Koyasu qui protège les mères et les enfants. Cette déesse est assimilée à des divinités protectrices bouddhistes, comme Koyasu Jizo, Koyasu Kishibojin, Koyasu Kannon, ayant toutes un rôle bienveillant pour les femmes, les enfants, l’enfantement.

Pagode Koyasu-no-tō  (ou Pagode de la paisible naissance)
Pagode Koyasu-no-tō (ou Pagode de la paisible naissance)
 Pagode Koyasu-no-tō
Pagode Koyasu-no-tō

Sur l'allée qui descend, entre la pagode Koyasu-no-tō, et la source sacrée, nous rencontrons de touchants petits Jizō Bosatsu

Jizō Bosatsu
Jizō Bosatsu

En cette fin d'après-midi, avant la fermeture du Kiyomizu-dera, au bas des escaliers sous le Hon-do, on attend patiemment son tour pour le rituel de "boire l'eau".

la source Otawa-no-Taki sous l'impressionnante structure du Hon-do
la source Otawa-no-Taki sous l'impressionnante structure du Hon-do
détail architectural...
détail architectural...

Puis, chaucun à son tour on se purifie et l'on boit aux trois filets de la source Otowa-No-Taki (音羽の滝 le son des plumes).

Boire l’eau de la chute de droite rendrait intelligent, l’eau du milieu apporterait la beauté, tandis que l’eau de gauche offrirait une longue vie. 

 

Et pour les étudiants, cette eau donnerait plus de chance de réussite à leurs examens ! 

Dans le soleil de fin d'après-midi, la source Otowa-No-Taki
Dans le soleil de fin d'après-midi, la source Otowa-No-Taki
Otowa-No-Taki  : d'abord, recueillir l'eau sacrée
Otowa-No-Taki : d'abord, recueillir l'eau sacrée
Otowa-No-Taki : le rituel de purification avant de boire
Otowa-No-Taki : le rituel de purification avant de boire
Notez la camera de video surveillance sur la droite, au-dessus du muret...
Notez la camera de video surveillance sur la droite, au-dessus du muret...

Mais "boire l'eau" porte-bonheur, ce n'est pas "notre tasse de thé"... ^_~

 

Et à ce rituel, que nous laissons aux croyants, nous préférons profiter des derniers rayons du soleil et... d'un petit pavillon... de thé, aux parasols rouges, depuis lequel nous observons, sans les déranger, les "pélerins", en dégustant un matcha moussu (抹茶 thé vert en poudre) et un gâteau "fleur" !

Gâteau rose pour ma fille
Gâteau rose pour ma fille
gâteau fleur et pâte de haricot rouge, pour moi.
gâteau fleur et pâte de haricot rouge, pour moi.

Dernier regard à l'incroyable Hon-do

Avant de regagner la sortie, sous une pluie de pétales ! 

Le Niō-Mon
Le Niō-Mon

Le soleil décline encore sur l'horizon. Temple et ruelles se vident

Matsubara-dori au pied du Niō-Mon
Matsubara-dori au pied du Niō-Mon

La grosse foule des touristes a reflué et nous en profitons pour flâner à notre aise dans cette rue agréable et à faire du lèche -vitrine. Nous achetons quelques petites babioles en tissus, une spécialité de Kyōto : petits porte-monnaies et pochettes.

Matsubara-Dori
Matsubara-Dori

Notes

TARIFS

Adultes : ¥ 300

Enfants : ¥ 200

Spécial nocturnes avec illuminations : ¥ 400

 

OUVERTURE

Matin : 6h00

FERMETURE

L'heure de fermeture varie selon les saisons.

Lors des nocturnes le temple rouvre ses portes de 18h30 à 21h30

 

EXPRESSION

Il existe en japonais une expression : "Kiyomizu no butai kara tobioriru" 清水の舞台から飛び降りる, signifiant "se jeter du Kiyomizu-dera" et qui est l'équivalent de notre "se jeter à l'eau". Cette expression a pour origine une tradition de la période Edo qui prétendait que si une personne survivait à un saut depuis la plateforme du temple, son vœu se réaliserait.

Durant cette période on a compté 234 sauts. Environ 200 personnes ont survécu... Le saut ne fait, en effet, "que" quinze mètres, et une importante végétation en contrebas de la plateforme peut amortir le pèlerin....

La pratique a depuis été interdite.

 

HISTOIRE

*Tokugawa Iemitsu 徳川家光, (1604 - 1651)

Tokugawa Iemitsu (appelé aussi Takechiyo, Taiyūin) est le troisième shogun du shogunat Tokugawa au Japon. Né en 1604, il régna depuis le Château d'Edo (qui devint ensuite, et resta, la résidence de l'Empereur du Japon) de 1623 à 1651 au début de l'Ère Edo.

Il fit d'Edo, capitale shōgunale et fut donc le premier des shōgun à ne pas se rendre à Kyōto pour recevoir le mandat impérial.

 

Le Japon lui doit la politique d'isolation, ou Sakoku, qui coupa le Japon du reste du monde entre 1633 et 1639, ainsi que la lutte contre les catholiques, qu'il voyait comme une menace à son régime. Il fit exécuter ou expulser tous les missionnaires et demanda à tous les Japonais de s'enregistrer dans les temples bouddhistes, qu'il fit rebâtir et restaurer. Quand une rébellion contre cette politique éclata à Shimabara, il la réprima sans pitié (cf. Seize martyrs de Nagasaki).

Emblème de la maison du Tokugawa Iemitsu