Mais avant la nuit, et après cette balade sous les pétales en neige de cerisiers, ma fille, la "chef des cartes et de l'orientation" (ainsi que je la nomme alors) nous engage sur un sentier grimpant sue la colline au-dessus d'Itō à la découverte de deux petits temples.
De là-haut nous aurons un point d'observation idéal sur la baie d'Itō, sa plage "orange beach" dont nous comprendrons plus tard que le mot "orange" désigne, non la couleur de la plage car le sable y est noir, mais les orangers qui la bordent, ou plutôt les mandarines mikans* (ou satsuma - nom latin : [citrus reticulata unshiu]), et au loin sa "marina".
Nous regretterons au moment de quitter la ville de ne pas avoir poussé jusque cette marina (la météo ne nous y a guère encouragées il est vrai), car c'est précisément là que se trouve le onsen en plein air, en bord de mer... que nous aurions aimé tester.
Le sentier en pente raide nous conduit vers le Temple Bukkoji ainsi que de petits temples annexes et "sans nom" (du moins sur la carte)
Tout au long de cette balade sous les frondaisons épaisses nous entendrons le chant flûté du monticole merle bleu* (blue rock Thrush) et verrons même par moment l'éclair bleu des plumes d'un spécimen mâle, passant d'une branche à une autre.
Au sommet du chemin, le Butsugenji, temple dédié aux victimes des tremblements de terre et des tsunamis... (notamment le Grand Tremblement de Terre du Kanto en 1923 qui fit environ 140 000 victimes dont 40 000 disparus.... Et dont l'épicentre se situait entre Itō et l'île d'Ojima)
Enfin non loin du Butsugenji s'élève l'hôtel de ville, immense bâtisse futuriste et pour le moins incongrue... d'Itō.
Nous restons un long moment à contempler la ville et l'océan avant de redescendre tranquillement au travers de petites ruelles en pente, vers le sanctuaire de Kuzumi et son vénérable camphrier multicentenaire, géant et sacré !
Nous restons ensuite un long moment, fascinées, à observer deux écureuils gris très agressifs, sautant, gesticulant et poussant des cris effrayants à l'encontre du gros matou du temple qui tentait mine de rien de s'approcher du nid du couple d'écureuils... devant la pugnacité des deux petites bêtes, notre mistigri renonce rapidement à son idée première et tente de redescendre de son perchoir sans perdre la face, petit exercice périlleux qu'il ne réussira pas tout à fait à exécuter.
Les écureuils s'en retournent chez eux en vociférant contre l'intrus !
En arrivant dans les zones les plus basses de la ville, notre attention est attirée par de nombreux panneaux indicateurs parfois fixés aux poteaux électriques, apposés en prévention de possibles tsunamis...
Et nous allons faire un tour à la plage... bien grise et déserte.
Un tour de quelques minutes seulement : il fait décidément trop froid et trop mauvais !
Vite, rentrons au chaud dans notre fabuleuse auberge et réchauffons-nous autour d'un confortable "kotatsu" (炬燵 (table chauffante) et d'une bonne tasse de thé vert fumant (thé et café sont gratuits et à disposition... et il y a une cuisine équipée en plus !)
Avant d'aller dîner dans un restaurant de poisson (fresh sea food) car c'est notre projet, nous irons le long de la rivière profiter de l'allée des cerisiers en fleurs toute illuminée
Le "staff" de l'auberge nous a annoncé de la pluie pour cette nuit et nous informe que "demain tous les pétales des cerisiers seront par terre !"
Nous plongeons dans la nuit et ses lanternes colorées
Certains courageux n'hésitent pas é célébrer hanami sous les cerisiers dans la nuit himide et glaciale !!!
Après cette balade au bord de l'eau et le froid de la nuit qui n'arrête pas quelques courageux japonais à "faire hanami", nous nous dirigeons vers un izakaya de poissons frais et de sashimis, l'izakaya ou plutôt le Rakumiya Marugen
Entendant que ma fille parle (un peu) japonais, le patron est venu nous dire les noms de nos poissons spéciaux... en japonais (dont je pense du chinchard et du vivaneau rouge)... Hélas, le japonais scolaire ne prévoit pas d'enseigner ce genre de mots...
Nous les dégusterons sans trop savoir qui ils sont...
Et qui se régale et se réjouit du moment et de la saveur de ce repas ?
La bière aurait-elle fait son petit effet ??? Sur le chemin du retour, la ruelle étant déserte, je ne résiste pas à l'envie de coller ma tête dans ce drôle de "trou" !
Effrayante non ?
Il est grand temps d'aller essayer nos couettes et futons : nous tombons de sommeil !
Mais avant de dormir, nous allons nous délasser dans les eaux bouillantes du onsen déversée par le tanuki-bouilloire, le Bunbuku Chagama !
Les premiers fruits de "mikan" ou mandarine satsuma (cultivars "Hashimoto" et "Miyamoto" au Japon) sont récoltés de début septembre à décembre dans l'hémisphère nord, de mars à mai dans l'hémisphère sud, autrement dit 2 mois avant les mandarines méditerranéennes ou les ponkans
Le "mikan" n'est pas un ponkan (Citrus tangerina Tanaka), mandarine hybride dont le gout tire sur l'orange, plus tardive (décembre, janvier au Japon) originaire de l'Asie tropicale.
*Monticole merle bleu [Monticola solitarius]
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