En une dizaine de minutes le tram nous dépose à la station Genbaku Dome-Mae.
Quelques pas.
Le silence.
Le squelette métallique de la coupole, les pans de mur, briques et pierres, déchiquetés, les orbites vides des ouvertures.
Nous nous taisons.
Il y a peu de monde en ce lundi matin. Personne ne parle.
Un corbeau passe en grinçant.
C'est un architecte tchèque qui conçut en 1915 ce bâtiment de style européen : dôme et façades arrondies aux grandes fenêtres. Il était le symbole d'une préfecture dynamique et en plein essort. C'était "le Hall de la promotion des industries de la Préfecture d'Hiroshima" : une vitrine pour le pays.
A partir de 1944 il sert de bureaux à différentes entreprises.
Il fut construit en briques mais les murs extérieurs étaient recouverts de pierres et d'une couche de ciment. Le bâtiment s'élevait sur trois niveaux. Et cinq niveaux sous la coupole.
Celle-ci est l'élément architectural le plus remarquable de la construction. Elle était couverte de cuivre posé sur une armature en acier. D'une hauteur de 4 mètres environ, elle est de forme elliptique.
Le "Hall de la Promotion des Industries" surplombait les berges et les petites maisons en bois autour de lui, du haut de ses 25 mètres !
Le pont Aioi (Aioibashi) sur la rivière Ōta, juste à côté du Hall de la Promotion des Industries de la Préfecture d'Hiroshima fut la cible idéale pour larguer "Little Boy" en ce 6 août 1945 à cause de sa forme en T facilement repérable.
Avant l'explosion de la Bombe "Little Boy" le bâtiment imposant du Hall de la Promotion Industrielle sur les berges de la rivière Ōta
Ce qui reste du "Hall de la Promotion des Industries" est désormais appelé le Genbaku dōmu (Genbaku Dôme ou Dome de la Bombe ou encore Mémorial de la Paix d'Hiroshima).
Il fut classé comme Monument Historique en 1995 et l'année d'après, en 1996 il a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Le Genbaku Dôme est ainsi devenu un monument universel pour l’humanité entière.
Extrait de la délibération du 20ème comité de l'Unesco
"Le Mémorial de la Paix d'Hiroshima, ou Dôme de Genbaku, fut le seul bâtiment à rester debout près du lieu où explosa la première bombe atomique, le 6 août 1945. Il a été préservé tel qu'il était juste après le bombardement grâce à de nombreux efforts, dont ceux des habitants d'Hiroshima, en espérant une paix durable et l'élimination finale de toutes les armes nucléaires de la planète. C'est un symbole dur et puissant de la force la plus destructrice que l'homme ait jamais créée, qui incarne en même temps l'espoir de la paix"
Quelques travaux ont été alors effectués afin de le protéger des aléas climatiques, le vent et la pluie ayant fini par abimer la structure en brique du bâtiment.
Derrière le Dôme, un "survivant" de la Bombe (un *hibakusha), Mito Kosei, né en Janvier 1946, soit 5 mois après l'explosion de Little Boy au-dessus de Hiroshima, est là pour guider (en anglais et gratuitement) les visiteurs, et témoigner, encore et encore.
Mito Kosei raconte. Montre son livret de Hibakusha, nous donne sa carte avec son adresse email et nous invite à regarder le film "That
Day" ainsi que son BLOG
D'autres visiteurs l'entourent, français et américains ce matin du 7 avril 2014.
Nous nous éloignons lentement...
La Flamme de la Paix a été conçue par Kenzō Tange (architecte et urbaniste japonais 1913-2005).
C'est lui qui a conçu le Parc de la Paix ainsi que le Musée de la Bombe Atomique.
Le monument représente deux mains jointes au niveau des poignets, au centre desquelles, comme une offrande et une prière muette, brûle la flamme, allumée le 1er août 1964, symbolisant la lutte contre le ainsi jusqu'à ce que toute "forme d'arme nucléaire soit éradiquée".
Ce monument est au centre de l'axe entre le cénotaphe et le dôme du Genbaku.
Visiteurs et Japonais se promènent dans ces lieux chargés de souvenirs mais aussi de paix, sakuras et tulipes, premiers bourgeons vert pâle, berges accueillantes et tranquilles de la rivière Ōta, barques et hérons...
Le terme hibakusha désigne les personnes ayant survécu aux deux bombes atomiques d'Hiroshima et Nagasaki.
Il existe plusisuers catégories d'Hibakusha
Sources : site de Yves Cadot (enseignant chercheur - Toulouse Le Mirail))
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