La voie des barrages

A la station de Ichishiro, le train rouge s'arrête afin d'accrocher la "pousseuse" à crémaillère.

Tout le monde descend, qui, pour admirer le paysage, les cerisiers et les eaux bleu turquoise de la rivière, qui, pour acheter des boissons fraîches ou chaudes au distributeur, et faire un tour aux toilettes, qui, enfin pour observer la manoeuvre de l'accochage de la motrice à crémaillère. 

Les eaux de la Ōigawa à Ichishiro Station
Les eaux de la Ōigawa à Ichishiro Station
Ichishiro Station
Ichishiro Station
Les cerisiers de Ichishiro ABT station
Les cerisiers de Ichishiro ABT station
Manoeuvres d'approche...
Manoeuvres d'approche...
Accrochage de l'énorme machine à notre petit train...
Accrochage de l'énorme machine à notre petit train...
Dernières vérifications
Dernières vérifications

Après une ultime vérification, le chef de train appelle les passagers : longs coups de sifflet répétés, et vérifie que l'on n'oublie personne sur le "quai".

Le train repart encore plus lentement, poussé et tracté par la grosse machinerie !

 

Nous approchons du grand barrage de Nagashima (Nagashima dam)

Franchissement de la rivière sur un étroit viaduc... peu après ABT Ichishiro station
Franchissement de la rivière sur un étroit viaduc... peu après ABT Ichishiro station

Nous gravissons lentement la pente. Les nombreux tunnels (64 !) ponctuent régulièrement la ligne...

Gare de Nagashima (Nagashima damu) et son clocheton rouge
Gare de Nagashima (Nagashima damu) et son clocheton rouge

La gare de Nagashima est annoncée

L'arrêt se prolonge suffisamment pour que les voyageurs et amateurs de train descendent encore une fois et prennent des photos : nous attendons le passage du train qui redescend car à la gare de Nagashima Damu il y a deux voies !

Nous quittones finalement la gare de Nagashima Damu et son clocheton rouge, construite en même temps que la section de ligne à crémaillère (1990).

Un tunnel encore et nous voici débouchant en plein sur le grand barrage de Nagashima. 

Nagashima dam
Nagashima dam

A peine quelques kilomètres après, le train s'embarque sur le long pont rouge de l'arc-en-ciel, Okuōikojō, suspendu sur ses longues pattes d'échassier au-dessus du miroir bleu-vert des eaux retenues par Nagashima Dam !

Le pont Okuōikojō
Le pont Okuōikojō
le pont d'Okuōikojō (Okuoi Rainbow Bridge)
le pont d'Okuōikojō (Okuoi Rainbow Bridge)

Le pont s'arrête au milieu du lac sur ce qui ressemble à une île sortie de nulle part, à la halte de Oku-oi Rainbow Bridge, que domine un chalet de bois...

Ce que l'on ne voit pas lorsqu'on est dans le train ! (photo Wikipedia)
Ce que l'on ne voit pas lorsqu'on est dans le train ! (photo Wikipedia)

Et ce que l'on voit par la vitre de la fenêtre... en passant au-dessus d'une pile du pont !

Nous avions envisagé de nous arrêter dans cette gare du "Pays Imaginaire" pour pique-niquer avec notre bento acheté à Senzu.

Mais un vent venu des montagnes proches, a arraché des lambeaux de brume et ramassé des ballons de nuages au-dessus du lac, et soudain bourrasques et giboulées sont venues frapper aux vitres brinquebalantes des voitures rouges et blanches de notre train... Nous avons passé la halte, un peu à regret, et continué au-dessus des eaux... vers l'autre rive, encore perdue dans le feuillage sombre.

 

A la station suivante, Sessokyō-Onsen, tous les passagers encore présents dans le train sont descendus !

 

Puis le train, un train rien que pour nous deux, s'est aggrippé au flanc de la montagne !... et nous... un peu plus à nos sièges...! 

Enfin le barrage d'Ikawa est apparu, barrant d'un mur sombre la vallée, couronné de l'opale laiteux de l'immense lac Ikawa !

Le barrage d'Ikawa (Ikawa Damu)
Le barrage d'Ikawa (Ikawa Damu)

Nous voici arrivées au terme de cette longue étape.

Le temps boude et s'est remis à la pluie au moment précis, où, uniques passagères, nous sommes sorties de notre train !

Le chef de gare s'est précipité au devant de nous, parapluie grand ouvert pour nous abriter ! 

"Un p'tit coin de parapluie

Pour un coin d'paradis..."

Et les deux assistants du chef, un jeune gars et une dame, rangés sur le quai, nous ont longuement saluées comme si nous étions deux princessezs sortant d'un carrosse, ou tout au moins deux survivantes héroïques ayant survécu à la longue montée du tortillard !

Nous n'étions pas peu fières !

 

La salle d'attente de la gare, déserte, et chauffée par un énorme poêle à pétrole, n'attendait que nous !

La petite gare d'Ikawa
La petite gare d'Ikawa

Une fois réchauffées, il est temps pour nous de nous restaurer !

Nous ouvrons notre ekiben "Oigawa"

On sort les baguettes !
On sort les baguettes !

Nous le faisons néanmoins avec une pointe de culpabilité, car nous venons de découvrir qu'à côté de la salle où nous attendons que notre train fasse demi-tour et reparte dans l'autre sens, une vieille dame a préparé, sous une bâche bleue et sous un abri des plus précaires, des sobas bien chaudes... pour les passagers !

Mais de passagers... point ! Et les deux seules qui sont arrivées jusqu'à elle, (nous deux) ont leur propres provisions.

Pauvre mamette avec ses plats tout chauds préparés exprès...

Nous n'osons pas la regarder...

le "fast-food" de la mamie d'Ikawa
le "fast-food" de la mamie d'Ikawa
L'assistant chef de gare derrière le guichet feint de ne pas nous regarder, mais...
L'assistant chef de gare derrière le guichet feint de ne pas nous regarder, mais...

Pendant la courte attente, et le repas expédié, nous en profitons pour tamponner nos carnets prévus à cet effet, avec les "estampes" d'Ikawa et du train ABT.

On trouve ces gros tampons dans pratiquement tous les lieux un peu touristiques, ou qui méritent un détour.

Tamponnons gaiement !
Tamponnons gaiement !

L'encre est parfois un peu sèche, mais tant pis.

Et le dernier de la série...

Pendant ce temps notre train a fait ses manoeuvres, le chef de train a nettoyé les voitures à grande eau, et le voici de nouveau, flambant propre, chauffage au maximum, et prêt au départ !

Coup de sifflet du chauffeur, puis du chef de train, puis du chef de gare.

Nous nous demandons si le jeune assistant ne va pas nous redemander nos billets retour, tant il veut bien faire.

Nous avons l'embarras du choix !

Et le train repart en chemin inverse. Le trajet est plus rapide cependant car la voie est en descente cette fois.

 

Deux tanukis nous saluent au passage !

Les tanukis de la Ikawasen...
Les tanukis de la Ikawasen...

Nous croisons le dernier train de la journée qui monte... à vide.

Les chauffeurs se saluent d'un long "tuuuut tuuuut"

Un dernier regard vers la vallée de la Oigawa, égrenant ses chapelets de lacs de turquoise sombre, entre les pentes de cryptoméria où éclate la floraison blanche des cerisiers sauvages... 

Et nous arrivons à Senzu sous un ardent et fugace arc-en-ciel ! Ce sera le dernier salut de cette vallée perdue.

Senzu sous le pont de l'arc-en-ciel
Senzu sous le pont de l'arc-en-ciel

Il nous reste à récupérer nos valises à la consigne "manuelle" du chef de gare, et reprendre un train presque classique jusqu'à Kanaya... où, en nous retournant encore une fois vers la vallée, nous apercevons, l'espace d'un instant, depuis le quai et entre les têtes, éblouissant dans le soleil rasant, la tête enneigée de Fuji San !

Il nous faut encore prendre un train local jusqu'à Hamamatsu où nous avons réservé un hôtel moderne (un business hotel) à deux pas de la gare !

La fatigue se fait sentir.