Les eaux chaudes et souffrées, claires et limpides du onsen de Sumata-kyo sont réputées pour faire la peau belle et douce... délasser le corps, apaiser les courbatures et les rhumatismes...
Mais la nature environnante est elle aussi une source de bien-être et de calme. Gorges, rivières et forêts denses où fleurissent en cette saison quelques cerisiers et camélias, taches claires ou vives sur le vert profond et sombre des grands cryptomerias !
C'est un bus très coloré, déjà rempli de papis et mamies qui nous attend sagement... Nous sommes les dernières !
Nous casons tant bien que mal nos grosses valises, montrons notre "pass" (valable sur ce bus) et en avant !
Nous attend une très grosse demi-heure de conduite acrobatique et pourtant douce et souple (bravo le chauffeur) sur des routes impensables, toutes en virages et épingles à cheveux, bordées de précipices impressionnants.
A chaque virage, des miroirs convexes informent le conducteur de l'éventulle et possible rencontre avec un autre véhicule.
Et tout se passe on ne peut mieux !
Nous arrivons à Sumatakyo et découvrons notre auberge : Yuya Hiryu No Yado
Rien d'extraordinaire de l'extérieur sinon une grande et longue bâtisse aux grandes vitres.
Nous ôtons nos chausures comme c'est l'usage en entrant dans le grand hall de la réception, où l'accueil est souriant et agréable. Notre réservation a bien été retenue. Ouf... Je l'avais faite depuis leur site et nos échanges étaient plus que succincts et un peu "vagues". Mon japonais se limitant à trois mots et leur anglais étant très rudimentaire.
Quelques * getas traditionnelles sont à disposition près de la sortie.
Pendant que nous remplissons les papiers du check-in un monsieur transporte nos valises dans notre chambre.
Puis c'est une dame tout en douceur et en sourire qui nous conduit à travers couloirs et escaliers jusqu'à notre "appartement" pour la nuit : la chambre Fuji !
Vaste, claire, et traditionnelle (malgré une télévision) avec l'espace "terrasse - petite table, coiffeuse et miroir", et la table basse au centre de la pièce.
Pour l'heure les futons sont rangés.
La dame qui nous précède et s'efface, nous sert une tasse de thé vert léger et parfumé, tout en nous souhaitant la bienvenue.
Après cette déjà longue journée, cette pause est aussi la bienvenue et nous goûtons avec plaisir.
La dame repartie, nous redescendons dans le hall, ôtons nos chaussons et chaussons nos baskets... et en route pour le "Pont des Rêves" (Yume No tsuribashi. 夢の吊り橋)
Le départ de cette balade est à quelques mètres après notre auberge. Nous traversons le petit pont et passons devant de fort jolies maisons-boutiques en bois.
Nous avons aussi la "bénédiction" du tanuki * ventru et "classique",au chapeau et à la gourde de saké, posé sur la chaussée pavée devant l'une d'elles.
D'autres statues montent la garde près de la pancarte indiquant le départ de la "randonnée" : deux superbes Kamoshika (saro du Japon - Capricornis crispus ) petites "chèvres" vivant dans les forêts.
Aurons-nous la bonne fortune d'en apercevoir ?
La route, utilisée seulement par les équipes de bûcherons, des "eaux et forêts" et des barrages qui ponctuent la rivières longe la vallée.
Avant un long tunnel qui nous fera traverser la montagne d epart en part, une pancarte nous rappelle encore la présence de kamoshika et d'un oiseau chanteur (une bergeronnette ?)
Après le tunnel nous entrons dans les hautes et sombres futaies de la forêt de cryptomerias
Et soudain le rideau des arbres s'ouvre, la piste frôle le précipice et nous dévoile au fond de la gorge l'eau bleu-vert, rendue laiteuse par la fonte des neiges récentes, un peu irréelle de la rivière Sumata, que franchit la ligne légère et à peine courbée, presque doré, du pont suspendu des rêves...
Et je m'engage sur le fil dansant au-dessus de l'eau...
Puis c'est au tour de ma fille de se lancer sur les filins...
Et nous voici sur l'autre bord.
La piste aménagée grimpe le long des flancs de la montagne.
L'après-midi s'chève et les premières ombres du soir tombent sur la forêt.
Et tout en haut un temple pas plus gros qu'une maquette honore un bouddha taillé dans un morceau de bois brut et remercie la nature pour ce joli passage... et la fin de la grimpette.
Nous rejoignons la route.
Quelques mètres plus loin a peine, un ancien train (encore !), tout petit, avec sa motrice et son réservoir sur le "tête", ses "machines" et son unique voiture déglinguée, est posé là, sous un léger abri, monument à la mémoire des trains et des hommes qui amenèrent tout là haut le matériel et construisirent tout en bas ces nombreux barrages qui jalonnent et apprivoisent toutes ces rivières.
Et soudain, alors que nous approchons du village, au détour d'un virage.... broutant tranquillement les feuilles d'un arbuste...
A Sumatakyo, le "carillon" de fin d'après-midi, le "chaimu チャイム - de l'anglais "chime") résonne dans la vallée : il est 16 heures (en ville c'est 17 heures) et un appel depuis les hauts-parleurs du village rappelle aux randonneurs dans la montagne qu'il est l'heure de se rappocher de la civilisation car la nuit va tomber !
Nous revenons donc au village... avec l'intention d'aller profiter du onsen...
Mais c'était sans compter sur un regain d'énergie de ma fille qui se met en tête de gravir la petite colline (dont les pentes sont bien raides !) juste au-dessus de notre auberge, signalé par une pancarte doté d'un "démon" ou d'un esprit de la montagne !
Je reconnais bien là pour ma part l'esprit de la "petite chèvre" (un kamoshika ?) qui galope dans l'âme de ma fille...
Je ne ferai le parcours que jusqu'à un petit temple, même pas à mi-chemin du sommet ! Le souffle trop court...
En attendant le retour de ma grande je m'assieds, à défaut de "diable", sous un géant de la forêt : un cryptomeria !
Et pendant ce temps ma fille a atteint le sommet et découvert un tout petit temple...
Nous redescendons par un autre chemin qui débouche juste à côté de l'auberge.
Maintenant c'est l'heure du premier bain !
Comme le symbolise les trois "vapeurs" sur le pictoramme officiel utilisé pour marquer sur les cartes la présence des onsen et sento (bains publics), ce sont trois bains, que l'on prend traditionnellement.
Un bain avant le repas du soir, pour mieux manger, un bain avant de se coucher pour mieux dormir, et un autre bain avant le petit-déjeuner pour sortir des "vapeurs" de la nuit et se préparer au petit-déjeuner !...
Nous voici de nouveau devant l'entrée de Yuya Hiryu No Yado. Des bâtons de marche sont proposés aux randonneurs... Nous ne les avions pas vus. Dommage.
Lorsque nous arrivons devant les rideaux rouges de la porte du onsen des femmes, une seule paire de "slippers" indique la présence d'une seule dame.
Les * eaux de Sumatakyo sont réputées poour fare une "belle peau"
L'eau est très chaude ! Nous ne pourrons pas rester longtemps dedans... nous sommes déjà comme deux écrevisses ! Mais l'eau est douce comme huilée et parfaitement agréable à la peau.
Nous irons nous rafraîchir dans le bain extérieur avant de revenir dans le premier !
Dehors l'air sent le souffre ! La nuit est déjà bien froide mais nous ne le sentons pas.
Propres, délassées, réchauffées, c'est avec nos yukatas couleur de sakura et la veste d'intérieur bleue sombre, car il fait frais ce soir, que nous nous rendons ensuite dans la salle de "restaurant".
Les tables sont déjà garnies ! Notre * nabe bouillonne sur son réchaud et des légumes et plantes "de la montagne" l'accompagnent.
Gratins, mousse délicate, tempuras de légumes
Crème tiède aux herbes de la montagne
Poissons de rivière (truite ?) grillés sur des batonnets
Et l'on ne cesse de nous apporte de nous apporter de nouveaux plats que nous finissons par refuser le plus poliment possible !
Nous prendrons quand même le petit dessert... et un gobelet de saké chaud !
Le croirez-vous ? Nous n'avons plus du tout faim en quittant la table... et nous avons laissé beaucoup de choses (du riz et la moitié de la marmite de nabe...).
Et...
Nous retournons au onsen prendre le deuxième bain de la soirée... en compagnie d'un groupe de dames japonaises d'un certain âge, joyeuses et amicales. Nous restons longtemps dehors, avec elles, bavardant tranquillement et riant, éclairées seulement par quelques lanternes du onsen, savourant la fin de la journée dans cette eau délicieusement chaude, écoutant les bruits de la nuit et de la forêt proches
C'est là que les premières gouttes de pluie ont commencé à tomber, chassant les dames du bain. Elles se sont égayées en riant.
Les gouttes fraîches sont comme de la rosée de printemps sur nos visages brûlants.
Plaisir indicible.
Lorsque nous revenons enfin dans notre chambre, il n'est pas 22 heures. Nous découvrons que l'on nous a installé nos futons et nos couettes !
il n'y a plus qu'à se glisser sous les plumes !
Dehors, il pleut !
Nous entendons le chant des gouttes sur les toits..
Il pleuvra toute la nuit.
Oyasumi nasai おやすみなさい (bonne nuit) !
chaussures traditionnelles, sorte de socques, en bois. Bien que plus rares aujourd'hui, elles sont encore portées au Japon avec des vêtements comme les 'yukatas' ('kimono' léger), et surtout lors des festivals.
Dans la mythologie japonaise, le tanuki est l'un des yōkai (esprits) de la forêt. Dans sa représentation, il s'inspire du chien viverrin (sous espèce de canidés ressemblant au raton laveur et également parfois confondu avec le blaireau), auquel les japonais attribuent des pouvoirs magiques. Maître des déguisements, il est réputé pouvoir changer de forme à volonté. Les tanukis sont souvent représentés portant un chapeau de paille et une gourde de saké, avec un ventre rebondi qu'ils utilisent comme un tambour... et des testicules de grande taille, qui donnèrent naissance à des dessins et des légendes humoristiques.
Symbole de chance et de prospérité on le retrouve dans les décorations des restaurants au côté des daruma et autres créatures du folklore.
* Qualité de l'eau du onsen de Yuya Hiryu No Yado (Sumatakyo)
Les eaux de Sumatakyo sont réputées bonnes pour la polyarthrite rhumatoïde et le rhumatisme chronique musculaire, le diabète, les maladies chroniques de la peau, les maladies chroniques gynécologique, l'empisonnement aux métaux (intoxication chronique au plomb ou d'intoxication chronique au mercure) les névralgies et névrites.
Le nabe 鍋 désigne d'abord la marmite dans laquelle on le fait cuire. c'est un plat qui oscille entre un "port-au-feu" et une "fondue". Il cuit sur un réchaud posé sur la table. On fait d'abord chauffer de l'eau ou un bouillon de viande, de poisson ou d'algues séchées (des konbus), dans lequel on plonge les ingrédients petit à petit. Ceux-ci sont souvent du chou, des kuzukiri, (nouilles de kuzu, transparentes), du tofu, des vermicelles blancs, des kinoko (champignons), du poisson, ou de fines tranches de viandes (bœuf, porc) et parfois même des huîtres.